Lettre à l'absent

Publié le par Elena

L'absent, artiste inconnu

En recherchant un mail dans mes archives, je suis par hasard (?) tombée sur un mail de mon géniteur. Je ne peux plus appeler ce personnage mon père depuis, cela est devenu impossible, la réalité m'a rattrapée...

Pour situer l'action, il m'a envoyé le mail ci-dessous (en gris) le jour de la mise en ligne de mon site perso (www.elenasoleil.ch), site non censuré à l'époque (par moi et plus ou moins consciemment imprégné d'un désir de vengeance par la parole et certaines révélations, je le reconnais) et révélant son nom de famille, donc le mien, et plusieurs éléments de sa vie privée en plus de tout ce qui concerne ma vie à moi.

Aujourd'hui, l'émotion me montant à la relecture de ce mail terrible et à l'écoute de la chanson de Jonnhy Hallyday pour sa fille adoptive, j'ai envie de lui écrire une lettre ouverte, en réponse.

Voilà la teneur de ce mail (ici reproduit en entier) qu'il m'a envoyé pour me demander de modifier mon site perso et ce sous la menace de me faire un procès immédiat pour diffamation,  :

"Il y a encore un effort à faire pour enlever TOUTES les possibilités d'identification des membres de ta famille, avant aujourd'hui 12 h. De plus, je te demande également d'enlever, dans le même délai, l'additif que tu as ajouté hier qui concerne soit disant TA protection, alors que ce problème concerne NOTRE protection, et il serait heureux qu'enfin tu en deviennes consciente.

Je crois qu'au vu de ce que tu nous a démontré avec ton site, c'est le moment que tu choisisses ton camp, c'est à dire que soit tu renies ta famille et que tu engages les formalités nécessaires pour changer de nom, ce qui nous éviterait d'être mêlés à ton délire, soit que tu reviennes sur terre et réalises qu'il y a des possibilités de contribuer à améliorer l'image du nom de ta famille, par des actions plus honorables que de noircir ce nom (donc le tien) et tous ceux qui y sont liés.


La réflexion n'a jamais fait de mal à personne.

papa"

Ma stupeur actuelle vient de deux mots utilisés ici : ton délire et l'image du nom de ta famille.

Quelle force peut avoir le déni lorsqu'on ne veut pas voir les choses TELLES qu'elles sont et qu'on refuse d'entendre la souffrance de l'autre, et particulièrement celle de sa propre fille (moi, en l'occurence) qui souffre terriblement de l'abandon par son géniteur de son rôle de père !

Comme les mécanismes de défense peuvent être puissants devant l'évidence, jusqu'à même aller propager l'idée que je délire et que je suis folle pour continuer à s'illusionner et à ne surtout pas affronter la réalité TELLE qu'elle est, et la souffrance de sa fille !

Et comme sauver les apparences semble être la seule chose importante et vitale et le seul moyen de continuer à nier l'évidence et sa propre souffrance pour se donner de la contenance et pouvoir coûte que coûte garder la tête haute !

Lettre à mon géniteur :

Ne sachant quel terme utilisé pour débuter cette lettre, je m'adresserais à toi sans définir, en son en-tête, de destinataire autre que "mon géniteur", ce que tu seras toujours, ou encore "À l'absent, le lâche".

Je vais tâcher de m'exprimer en mon nom, sans perdre mon temps en accusations qui tomberont dans l'oreille d'un sourd, sourd du coeur. J'ai pris conscience, très profondément et de façon irreversible, il me semble, du fait que je n'ai pas de père. La différence entre un géniteur et un père m'a sautée au yeux de façon irrémédiable ces derniers temps : le père aime alors que le géniteur se reproduit..

Hors, point d'amour de père dans ma vie. C'est une chose que je pense avoir connu, peut-être étant toute toute petite... mais il me semble qu'il t'es impossible de tenir ce rôle de père aujourd'hui, et ce, malheureusement depuis bien longtemps.

Aujourd'hui, je ne suis plus du tout intéressée à jouer le rôle de la gentille fille avec son gentil papa et toi, grâce à mon site, tu as trouvé une excellente excuse pour ne plus jouer les apparences non plus, apparences lourdes à porter pendant des années.

La réalité est la suivante : il n'y a aucun amour possible entre toi et moi ! Seules les apparences ont été possibles, mais il fallait que je me taise, que je ne dise pas que je souffre, que la réalité est toute autre...

Avec toi, le "lien" existe uniquement basé sur les apparences. La parole vraie est proscrite, interdite, bannie, refusée, rejetée... et si elle a le malheur de vouloir exister, la vérité, ma vérité, alors c'est moi qui suis bannie, rejetée et traitée de folle pour justifier cet acte odieux de la part d'un père.

Je me souviens très clairement de ce jour, il y a plus d'un an, où j'ai voulu te parler, ouvertement, sincèrement, de moi, de nous, de ma souffrance... et tu m'as dit, après 10 minutes environ, que tu ne me comprenais pas et que nous ne parlions pas la même langue. Alors je vais t'expliquer ce qui s'est passé : je suis venue te parler depuis mon coeur, depuis mes émotions, depuis ma souffrance, et toi tu m'as répondu depuis ta tête ! Voilà pourquoi nous ne pouvions pas nous comprendre et que cette discussion organisée dans le but de dégeler le froid entre nous pour nous retrouver s'est simplement terminée par un fiasco monumental !
Ce jour-là, je t'ai aussi reproché de ne pas t'intéresser à moi et là, tu m'as fait le même reproche ! Et je me suis rendu compte que le fait que tu sois mon "père" n'avait aucune espèce d'importance ! Le père n'est-il pas supposé être amené le premier à s'intéresser à ses enfants, dans l'ordre des choses ?

Je ne suis pas ta mère, je ne suis pas une copine ou une connaissance... je suis ta fille ! Est-ce que cela vuet dire quelque chose pour toi ????

Alors toi, mon géniteur, que je méprise pour sa lâcheté, son désistement, son abandon de son r'ôle, mais plus encore pour son coeur fermé, son incapacité et son refus à m'aimer... oui, toi... tu existes malgré tout et je souffre encore de t'attendre... désépérément...

Le mépris, finalement, est lié à la haine, et la haine nait d'un amour décu... Je te hais parce que tu refuses de m'aimer....

Va, je ne peux t'obliger à voir ce que tu refuses de voir. Je ne peux t'obliger à m'aimer, à aimer ta fille... ce mot ne veux rien dire pour toi... il n'a pas de sens... et je n'arrive pas à lui en donner pour moi...

Va, et ne te retourne pas...

Publié dans État d'âme...

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A
Bonjour Eléna ! Ta lettre ouverte à celui que tu nommes ton géniteur m'a beaucoup impressionné. Elle est forte, vibrante sans pour autant donner dans la hargne. On sent que tu as souffert mais on perçoit aussi que tu as su avancer pour te construire, indépendamment. C'est un beau chemin parcouru et il te faut dans tous les cas le poursuivre car cette sérénité que tu peux gagner au passage est sans doute la pire des punitions que l'on puisse infliger à ces pervers narcissiques qui se nourrissent et se grandissent des souffrances qu'ils nous imposent. Même notre ressentiment contre eux les satisfait car ils existent encore à nos yeux. Etre serein, vivre pleinement notre vie, en accord avec nos désirs est la meilleure façon - je crois - de nous émanciper de leur emprise et de les renvoyer à la pauvreté de leur existence. On hérite de leur nom, de leur chair, de leur sansg, mais pas nécessairement de leurs vices. Prends soin de toi. Merci pour tes commentaires qui sont toujours autant de jolies surprises. Bises. Antoine.
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E
Merci Antoine ! Je crois que tu as raison quand tu dis qu'ils se nourrisent encore de notre douleur et de notre ressentiment. Le pire, et je sais tout à fait de quoi je parle, n'est-il pas d'être ignoré ?Affectueusement....
K
Bonjour Elena,Je viens de lire ton article...Je ne sais pas quoi dire dessus. Sauf, je refais référence à ton article précédent et je te dis "quel bonheur d'être en vie" et toi, tu sais ce que c'est l'amour, tu le vis, malgré tout tu ne te détruis pas.
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E
Oui, comme tu dis, c'est une victoire de réussir à aimer après avoir grandi dans une famille aussi dysfonctionnelle et qui ne m'a pas appris l'amour.Vive la vie et l'amour !
M
Hello Elena<br /> J'ai placé un lien vers ton blog sur "Mandala"...<br /> Be happy !
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E
Merci, Milko... c'est gentil de ta part !À bientôt !
K
bonjour elena,je me souviens de mon analyste me disant " on ne se débarasse pas si vite du vieil homme !" quand j'avais fait un pas qui m'ouvrait à la liberté. Elle avait raison mais vient quand même le jour où l'on peut regarder sans souffrir toutes les  carences qui entravent notre épanouissement , un jour où le vieil homme en question n'est plus qu'un fantôme sans importance. Courage<br /> bonne journée
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E
Bonjour kéline et merci pour ton message que je trouve très joli et plein d'espoir.Quelle belle formule que celle imagée du vieil homme qui ne devient plus qu'un fantôme sans importance, mes carences acceptées et intégrées à l'intérieur de moi et de mon histoire de vie...Je sais que tu as raison mais je n'en suis pas encore là... je n'arrive pas encore à lâcher... et à pleurer, tout simplement... je me bats à l'énergie d'un fol espoir pour éviter le désespoir... je m'accroche à un fantome, justement, parce que je ne veux pas encore voir ce qu'il est réellement : inexistant !Bonne journée à toi !
M
Coucou mon amour,Je viens de lire ton article est ta lettre, que dire...Tant de souffrances et de tristesses....comme je te comprends...Je pense que tu as bien fait d'écrire tout cela...c'est très fort, et surtout courageux...je te félicite...Je suis avec toi !Bisous, je t'aime......
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E
Merci mon amour...